Adolescence

L’entrée dans l’adolescence et ses nouveaux défis

À peine 10 % des jeunes atteints de TDAH fonctionneront normalement à l’âge adulte. Parmi les 90 % restants, 60 % évolueront et fonctionneront mieux que pendant leur enfance. C’est en général le cas des personnes qui ont été, dès leur plus jeune âge, diagnostiquées, accompagnées et traitées, qui ont trouvé dans leur entourage le soutien nécessaire à leur épanouissement et ont appris à mettre en place des moyens de compensation efficaces.
Les 30 % restants garderont des symptômes majeurs à vie.

Vous l’aurez compris, le TDAH ne s’arrête donc pas à l’adolescence. Simplement, les symptômes évoluent et s’expriment différemment.

Le déficit attentionnel reste bien présent et continue à avoir des répercussions tant sur le quotidien que sur la scolarité du jeune.

De son côté, l’hyperactivité change en termes de « qualité ». Elle passe d’une activité motrice manifeste et observable à une agitation interne plus subtile et subjective, parfois interprétée comme étant de la nervosité, de l’impatience ou de l’ennui.
Certains compensent leur besoin de bouger en s’engageant dans de nombreuses activités sportives, artistiques, amicales…
D’autres recherchent des sensations fortes et développent des comportements à risques.

L’impulsivité reste bien présente et continue à jouer des tours à l’adolescent atteint de TDAH. Elle le porte à prendre parfois des risques inconsidérés. Il sera ainsi victime d’accidents de toutes sortes, non par désir d’attirer l’attention ou par goût du danger, mais simplement parce qu’il éprouve de grandes difficultés à réfléchir avant d’agir.
Impulsif dans ses réactions et excessif dans ses actions, il a du mal à se conformer aux règles, a tendance à être impertinent et paraît immature.
À l’adolescence, l’impulsivité ne reçoit plus l’impunité de l’enfance et se paie souvent très cher dans le groupe des pairs, la famille ou l’institution scolaire.

Les déficiences liées au TDAH deviennent souvent plus évidentes encore au moment du passage en secondaire.
On exige alors de l’élève qu’il gagne en autonomie. Le volume de travail augmente. Il y a un net accroissement des demandes en lien avec les habiletés organisationnelles, telles que l’attention au détail, la précision, la gestion du temps et la planification. Les apprentissages sont plus abstraits et spécifiques, et réclament une motivation constante et un désir d’avancer ne souffrant pas la moindre ambivalence.

En primaire, l’enseignant unique offrait une certaine continuité dans la structure et l’organisation de la vie scolaire des enfants.

En secondaire, les attentes s’intensifient, le jeune doit apprendre à s’accommoder d’enseignants multiples dont certains seront structurés et exigeants, et d’autres, plus souples et moins autoritaires, certains sauront être encourageants et à l’écoute, alors que d’autres enfin ne montreront que de la condescendance, voire carrément de l’hostilité, face aux comportements inadaptés. Chacun arrivera dans la vie du jeune avec sa propre personnalité, son propre style et sa propre manière de diriger sa classe.

Si l’on ajoute à cela la hausse des exigences en termes d’organisation, de planification et de concentration (prendre note et écouter l’enseignant simultanément…), les changements de classes, de bâtiments, d’horaires, la nécessité de penser à prendre le matériel nécessaire etc., il faut s’attendre à ce que l’élève atteint de TDAH, désorganisé et gérant mal les délais, l’exécution des tâches complexes et les situations sociales nouvelles, se retrouve rapidement perdu… et compense d’autant plus difficilement ses différents symptômes. Les risques d’échec augmentent avec une perte d’estime de soi et beaucoup de découragement.
La présence et le soutien des adultes sont, plus que pour les autres élèves, indispensables à ceux atteints de TDAH. Or l’adolescence les pousse vers un mouvement inverse, un besoin d’autonomie, d’indépendance et de prise de risques.

Tout au long de son adolescence, le jeune atteint de TDAH devra, en plus de toutes les particularités individuelles de son trouble, relever les défis courants de cette période de transition, située à mi-chemin entre l’enfance et l’âge adulte. L’entrée dans l’adolescence pousse à la recherche d’autonomie et d’indépendance. Le jeune désire « vivre », prouver qu’il existe, notamment en recherchant les émotions fortes et en bravant les interdits. Pendant cette période lui imposant de multiples choix (études, loisirs, amitiés…), il doit en plus faire face à de nombreux bouleversements physiques et hormonaux.

Se prendre en charge au niveau scolaire et dans ses activités quotidiennes représente déjà un énorme défi pour l’adolescent atteint de TDAH.. Toutefois, gérer ses pensées, ses sentiments et la façon dont il se perçoit constitue souvent un défi bien plus important encore. En effet, les jeunes atteints de TDAH rencontrent beaucoup de difficultés à compartimenter leurs sentiments et à se concentrer sur les tâches nécessaires comme le font leurs pairs. Nombre d’entre eux consacrent d’ailleurs plusieurs heures par jour à réfléchir à leur apparence physique et à leur intégration sociale.

L’amitié est la grande richesse de l’adolescence. L’appartenance à un groupe donne au jeune un nécessaire sentiment de reconnaissance. Il se découvre à travers le regard de ses amis, de ses pairs et des adultes à qui il accorde sa confiance.
Or de nombreux jeunes atteints de TDAH rencontrent des difficultés dans leurs relations sociales, sont rejetés ou critiqués parce qu’ils ne répondent pas aux attentes de leurs pairs.
Le jeune comprend difficilement ces critiques ou ce rejet et perçoit mal les intentions des autres. Cela le conduit d’autant plus à faire preuve de maladresse, à être trop ou pas assez familier, à ne pas respecter les règles sociales implicites, etc.