Diagnostic
Qui pose le diagnostic de TDAH ?
Le TDAH est un syndrome hétérogène se manifestant différemment d’une personne à l’autre. De plus, les plaintes relatives au trouble dépendent non seulement de la personne atteinte, mais également du degré d’acceptation des symptômes par son entourage.
Seul un médecin spécialiste ayant une bonne connaissance du TDAH est donc habilité à poser ce diagnostic complexe. Ce sont les pédopsychiatres et les neuropédiatres qui sont spécialisés dans l’évaluation de cette pathologie chez les jeunes de moins de 18 ans, et les psychiatres et les neurologues chez les adultes.
Comment se pose le diagnostic ?
À l’heure actuelle, il n’existe aucune méthode objective (c’est-à-dire aucun examen paraclinique) ni aucun test (prénatal, sanguin, génétique, biologique, radiologique, etc.) permettant d’affirmer ou d’écarter avec certitude le diagnostic de TDAH chez un patient.
Cette constatation frustrante, pour qui souhaiterait s’affranchir de la subjectivité du clinicien, reste à l’heure actuelle une réalité incontournable.
Le diagnostic est donc posé exclusivement sur la base d’une évaluation clinique approfondie.
Cette anamnèse relève les antécédents médicaux, personnels et familiaux du sujet et vérifie la présence éventuelle du trouble lors des différentes étapes de sa vie, tant en famille qu’à l’école, avec ses amis, etc.
D’autres sources, comme des rapports médicaux et paramédicaux, des questionnaires (complétés par les parents ou les enseignants), les bulletins, le journal de classe, etc., apportent des informations collatérales complémentaires. Parents, famille, proches et enseignants sont donc mis à contribution.
D’éventuels examens physiques, tests biologiques ou examens radiologiques permettent d’exclure certaines maladies telles que l’hyperthyroïdie, l’épilepsie ou la neurofibromatose, des allergies, intolérances et carences alimentaires, des déficits auditifs ou visuels qui peuvent provoquer des symptômes similaires à ceux du TDAH.
Des tests neuropsychologiques (psychomoteurs, d’attention, de mémoire, de langage, d’habileté intellectuelle, etc.) permettent d’affiner le diagnostic. Ils ne sont par contre pas assez fiables pour, à eux seuls, affirmer ou écarter un diagnostic de TDAH. En effet, les protocoles de recherche ont solidement établi que les résultats des tests neuropsychologiques peuvent demeurer dans les limites de la normale chez un nombre élevé de patients ayant pourtant un TDAH cliniquement avéré. Cela tient à une caractéristique essentielle du trouble, l’intensité fluctuante des symptômes dans le temps et selon les circonstances, alors que les tests sont des « arrêts sur image » qui n’effectuent les mesures qu’à un instant donné. De même, des résultats anormaux ne sont en rien spécifiques du TDAH. En effet, des niveaux élevés d’inattention ou d’impulsivité, parce qu’ils sont mesurés ponctuellement, peuvent tout à fait résulter de phénomènes banals comme la fatigue ou l’anxiété, mais aussi d’autres pathologies psychiatriques telles que la dépression, la schizophrénie, ou encore de conditions organiques comme la myopie, l’épilepsie, des problèmes d’audition, etc.
Fonder un diagnostic sur les seuls tests neuropsychologiques expose donc à un risque élevé d’erreur.
Une évaluation psychoaffective et un bilan logopédique sont proposés en cas de perturbations affectives ou de difficultés dans les apprentissages.
Le praticien évalue, ensuite, si les symptômes cardinaux typiques du TDAH (tels que décrits dans le DSM-5 : cinquième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) sont suffisamment présents et sévères pour avoir des répercussions tant sur la qualité de vie du patient que sur celle de son entourage.
Ce diagnostic différentiel vérifie si les symptômes sont effectivement provoqués par un TDAH ou s’ils sont liés à d’autres causes présentant des signes proches ou similaires. Il établit également si le TDAH est pur ou associé à des comorbidités (on parle de comorbidité quand deux troubles distincts coexistent chez la même personne).
L’expérience du spécialiste et l’utilisation de critères de diagnostic précis et opérationnels réduisent la marge d’erreur liée à la subjectivité individuelle du clinicien.
Critères de diagnostic du TDAH, selon le DSM-5
Les critères diagnostiques ci-dessous sont ceux de la révision la plus récente du DSM, le DSM-5, publié en 2013. Ils sont utilisés partout à travers le monde, aussi bien dans les protocoles de recherche les plus pointus que dans le diagnostic médical quotidien.
Le TDAH y est défini comme un mode persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité interférant avec le fonctionnement ou le développement du patient, qu’il soit enfant, adolescent ou adulte.
Le DSM-5 identifie trois formes de TDAH : la forme inattentive lorsque l’inattention prévaut, la forme hyperactive-impulsive lorsque l’agitation motrice et l’impulsivité dominent, et la forme mixte qui associe, à des degrés divers, difficultés attentionnelles, hyperactivité motrice et impulsivité.
Deux listes de symptômes, 9 pour l’inattention et 9 pour l’hyperactivité-impulsivité, sont au cœur des critères. Un nombre minimum de symptômes est exigé, nombre variant avec l’âge. En outre, ces symptômes doivent remplir certaines conditions de durée et de retentissement fonctionnel.
Critères de diagnostic du TDAH dans le DSM-5
A. Un mode persistant d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement et le développement caractérisé par (1) et/ou (2) : (1) Inattention. Six des symptômes suivants (ou plus) ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui ne correspond pas au niveau de développement et qui a un retentissement négatif direct sur les activités sociales et scolaires ou professionnelles. Note : les symptômes ne sont pas seulement la manifestation d’un comportement opposant, provocateur ou hostile, ou de l’incapacité de comprendre les tâches ou les instructions. Chez les grands adolescents et les adultes (17 ans ou plus), au moins cinq symptômes sont exigés. |
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(2) Hyperactivité et impulsivité : six des symptômes suivants (ou plus) ont persisté pendant au moins 6 mois, à un degré qui est inadapté et ne correspond pas au niveau de développement et qui a un retentissement négatif sur les activités sociales et scolaires ou professionnelles Note : les symptômes ne sont pas seulement la manifestation d’un comportement opposant, provocateur ou hostile, ou de l’incapacité de comprendre les tâches ou les instructions. Chez les grands adolescents et les adultes (17 ans ou plus), au moins 5 symptômes sont exigés. |
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B. Plusieurs symptômes d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité étaient présents avant l’âge de 12 ans. |
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C. Présence d’un certain degré de gêne fonctionnelle liée aux symptômes dans deux, ou plus de deux types d’environnement différents (par exemple, au travail, à la maison, avec des amis ou de la famille) et dans d’autres activités. Il est important de retracer la présence de symptômes dans au moins deux sphères de la vie, telles que la vie quotidienne, l’école ou le travail, ou encore dans les relations interpersonnelles avec la famille ou les amis. |
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D. On doit mettre clairement en évidence une altération cliniquement significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel. | ||||||||||||||||||||
E. Les symptômes ne surviennent pas exclusivement au cours d’un trouble envahissant du développement, d’une schizophrénie ou d’un autre trouble psychotique, et ils ne sont pas mieux expliqués par un autre trouble mental (par exemple, trouble thymique1, trouble anxieux, trouble dissociatif ou trouble de la personnalité). | ||||||||||||||||||||
Les critères du DSM-V sont également applicables à l’adulte. Dans ce cas, certains auteurs proposent de ramener les critères minimaux à quatre au lieu de six, l’expression des symptômes se modulant avec l’âge.
Comment préparer le rendez-vous avec un médecin spécialisé ?
Prenez rendez-vous.
On ne se rend pas chez un médecin sans rendez-vous pour discuter de ses petits et gros bobos.
Privilégiez le matin, où le médecin est plus détendu et moins contrarié.
Expliquez le but de votre visite.
S’il s’agit d’un premier rendez-vous, d’une visite annuelle ou d’un problème majeur ou nouveau, dites-le à la secrétaire afin qu’elle bloque le temps nécessaire.
Apportez une liste bien documentée.
Comme on ne dispose, en général, que de 15 minutes, on a tout intérêt à dresser une liste des sujets qu’on veut aborder en commençant par les plus urgents. Pensez à apporter les bulletins, journaux de classe, tests de conners complétés, cahiers… bref tout ce que vous pensez qui pourra être utile au médecin pour l’aider à poser son diagnostic.
Ne soyez pas gêné.
Un médecin devrait pouvoir tout entendre: ennuis physiques, problèmes psychologiques, familiaux, financiers, conjugaux. S’il ne peut s’en occuper lui-même, il vous conseillera un de ses collègues spécialisés.
Posez des questions.
Certains patients sont déçus que le médecin n’ait pas répondu à leurs questions, mais ils ne les ont pas posées. Préparez ces questions à l’avance et par écrit. Les questions fermées (où le médecin répond oui ou non sont particulièrement intéressantes puisque elles vous donnent le temps de noter les réponses).
Assurez-vous d’avoir bien compris.
N’hésitez jamais à demander des précisions et des explications sur le diagnostic, le traitement et ses effets secondaires.
Faites-vous accompagner.
Si vous êtes nerveux ou mal à l’aise.
Faites un résumé de la situation.
Pour être certain de ne rien oublier, on fait le bilan. On résume au médecin les grandes lignes de l’entretien.
Prenez des notes.
C’est le meilleur aide-mémoire!
Méfiez-vous du syndrome de la poignée de porte !
N’attendez pas d’avoir la main sur la porte pour mentionner tel ou tel problème.
C’est la situation frustrante par excellence.
Demandez au médecin si vous pouvez le joindre par email ou par téléphone si vous avez des questions supplémentaires à lui poser.
Bienveillance
Le neurologue, neuropédiatre, psychiatre, pédopsychiatre qui vous suit ou suit votre enfant est là pour vous aider et vous soutenir.
Pas pour vous juger et vous culpabiliser.
Si c’est le cas, fuyez et aller consulter un spécialiste bienveillant.
Heureusement, ils sont nombreux !
Pour des adresses, envoyez-nous un mail.