Opposition/Provocation

 

Faire face à l’opposition

Le TDAH s’accompagne souvent d’un trouble d’opposition avec provocation. Barkley en rapporte 60% cité par Massé L. dans le chapitre 8 de Psychopathologie de l’enfant et de l’Adolescent – G.Morïn éditeur 1999.
Mais est-ce vraiment de l’opposition pour un jeune chez qui, apprendre à résister et même à s’opposer fait partie des habiletés à acquérir pour accéder à l’autonomie.
La proximité du comportement normal rend problématique l’identification du trouble oppositionnel et cela plus encore quand on parle d’un jeune atteint de TDAH.
Ce dernier a un besoin viscéral de bouger mais on l’assoit pendant des heures en classe.
Quand il décroche d’une tâche parce que son déficit attentionnel lui fait rencontrer des difficultés à persévérer, on interprète son décrochage, ses tentatives pour recharger ses neurones comme de l’opposition.
On insiste encore et encore…
Et voilà son manque de contrôle émotionnel qui le fait littéralement exploser et la chaîne de conséquences- opposition avec provocation qui débarque.

Dans un premier temps, il est donc primordial de bien connaître les limitations de notre jeune atteint de TDAH.
Est-ce lui qui est opposant ou le milieu qui ignore ses limites et le pousse ainsi à bout ?

Trouble Oppositionnel avec Provocation : critères diagnostiques du DSM IV

A. Ensemble de comportements négativistes, hostiles ou provocateurs, persistant pendant au moins 6 mois durant lesquels sont présentes quatre des manifestations suivantes (ou plus) :

(1) se met souvent en colère
(2) conteste souvent ce que disent les adultes
(3) s’oppose souvent activement ou refuse de se plier aux demandes ou règles des adultes
(4) embête souvent les autres délibérément
(5) fait souvent porter sur autrui la responsabilité de ses erreurs ou de sa mauvaise conduite
(6) est souvent susceptible ou facilement agacé par les autres
(7) est souvent fâché et plein de ressentiment
(8) se montre souvent méchant ou vindicatif
N.B. On ne considère qu’un critère est rempli que si le comportement survient plus fréquemment qu’on ne l’observe habituellement chez des sujets d’âge et de niveau de développement comparables.

B. La perturbation des conduites entraîne une altération cliniquement significative du fonctionnement social, scolaire ou professionnel.

C. Les comportements décrits en A ne surviennent pas exclusivement au cours d’un trouble psychotique ou d’un trouble de l’humeur.

D. Le trouble ne répond pas aux critères du troubles des conduites ni, si le sujet est âgé de 18 ans ou plus, à ceux de la personnalité antisociale.

Souvent, les sujets ne se considèrent pas eux-mêmes comme hostiles ou provocateurs mais perçoivent leurs conduites comme étant justifiées en réaction à des demandes déraisonnables ou des circonstances injustes.

Le nombre de symptômes tend à augmenter avec l’âge. Le plus souvent, les symptômes se manifestent d’abord à la maison et s’étendent, avec le temps, à d’autres environnements. Ainsi le trouble n’est pas toujours visible à l’école, en collectivité ou lors d’un examen clinique (chez un professionnel de la santé). Les comportements perturbateurs sont moins sévères que dans le trouble des conduites et n’incluent généralement pas d’agressions physiques envers les personnes ou les animaux, de destruction de biens matériels, ou de recours habituel au vol ou à l’escroquerie. Le trouble apparaît habituellement avant l’âge de 8 ans. Avant la puberté, le trouble est plus fréquent chez les garçons que chez les filles. Après la puberté, les taux de prévalence se rapprochent. Les symptômes sont généralement similaires bien que les garçons aient davantage de comportements de confrontation. Selon les populations étudiées et les méthodes utilisées, le taux de prévalence varie de 2% à 16%.

On a montré que, pour les garçons, le trouble est plus fréquent chez ceux ayant présenté, avant l’âge scolaire, un tempérament difficile (p. ex., réactivité excessive, difficulté à se calmer) ou une hyperactivité motrice. À l’âge scolaire, on peut observer une mauvaise estime de soi, une labilité de l’humeur, une faible tolérance à la frustration, un langage grossier, et une consommation précoce d’alcool, de tabac ou de drogues illicites. L’enfant est souvent en conflit avec ses parents, ses professeurs ou ses camarades. Ce trouble est plus fréquent dans les familles où la continuité de l’éducation a été interrompue à cause de la succession de personnes différentes, ou dans lesquelles les pratiques éducatives ont été dures, incohérentes ou négligentes. Il est plus fréquent dans les familles où existe un conflit conjugal grave et semble plus fréquent dans les familles où au moins l’un des parents a des antécédents de trouble de l’humeur, de trouble oppositionnel avec provocation, de trouble des conduites, de déficit de l’attention/hyperactivité, de personnalité antisociale ou de trouble lié à une substance.

Référence : American Psychiatric association, DSM-IV, Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux. Traduction française, Paris, Masson, 1996, 1056p.

Faire face à l’opposition

Le comportement opposant d’un jeune atteint de TDAH peut se manifester de manière active ou passive. Certains défient l’autorité, argumentent, insultent, hurlent, donnent des coups, cassent des objets, frappent… D’autres semblent soumis, mais ne font jamais ce que vous leur demandez.

Il est légitime qu’un enfant cherche à tester les limites et à vérifier jusqu’où il peut dominer les adultes de son entourage. Il est moins sensé que ceux-ci le laissent faire. Un enfant a la latitude qu’on lui donne. Si votre enfant répète souvent le même comportement, c’est qu’il lui apporte quelque chose, consciemment ou non.

Comment s’y prendre avec un enfant qui manque de limites ? D’abord en lui en donnant. Routines, règles et conséquences annoncées à l’avance se révèlent une fois de plus indispensables.

Faites attention à la façon dont vous exprimez vos demandes.
Évitez de dire : « Pourrais-tu… », « Tu serais gentil si… », faites votre demande directement : « Il est temps de prendre le bain. » ou « Après le repas, tu te brosses les dents tout de suite ! »

Fixez un délai lui indiquant quand il doit commencer et terminer la tâche demandée. Pour cela, vous pouvez notamment utiliser une minuterie ou une horloge. Elle lui servira de point de repère, l’aidera à se situer dans le temps et le poussera à se concentrer sur sa tâche. Exemple : « Tu as 15 minutes pour prendre ton bain. Quand la minuterie sonnera, il faudra sortir et t’essuyer. »

N’entretenez pas les comportements difficiles par des réponses inadaptées. Ne les encouragez pas par une attention excessive, même négative (en faisant une remarque ou en punissant). Certains enfants choisissent ce mode relationnel, car ils se sont aperçus que leurs comportements de désobéissance ou de mise en danger suscitaient davantage d’attention que leurs comportements dits adaptés. Jouer calmement dans son coin n’est pas forcément suivi de récompense, alors que jeter un jouet à travers la pièce attire immédiatement une réaction.
Observez votre enfant. Soyez attentif aux moments où se présentent ses comportements opposants. Ils peuvent survenir à la suite d’une parole ou d’une remarque qui l’enflamme et le désorganise. En sachant quand ces comportements risquent de se produire, vous serez mieux placé pour y faire face, agir en connaissance de cause et dénouer les crises.
Parfois, les comportements d’opposition sont la manifestation visible d’une difficulté vécue par l’enfant. Essayez d’en comprendre la cause et d’intervenir sur celle-ci. Vous réglerez ainsi le problème de manière définitive.

Écoutez la demande de votre enfant et voyez si vous désirez y répondre favorablement ou pas. Lâchez du lest sur ce qui n’est pas important, mais ne transigez pas sur ce qui l’est pour vous.

Si vous voulez dire non, dites non clairement et fermement. N’apportez pas d’explications particulières. Expliquer donne prise à la négociation. Si votre enfant commence à négocier, redites-lui non et signifiez-lui que c’est sans appel.

Ne répondez pas systématiquement à ses trop nombreuses demandes d’explications. Vous lui demandez de faire quelque chose. Qu’il le fasse ! Vous n’avez pas à refaire le monde à chaque fois. Ne vous laissez pas piéger dans d’interminables discussions. Il s’arrangerait pour vous avoir à l’usure. Dites simplement « Arrête » ou appliquez la méthode « Un, deux, trois, retrait ».

Évitez les refus mous du genre « pas maintenant, mais peut-être plus tard » ou les excuses comme « je n’ai pas l’argent ». Ne faites pas croire à votre enfant que ce sont les circonstances extérieures qui l’empêchent d’avoir ce qu’il veut, et non votre volonté.

Si vous avez dit non, ne cédez pas. Le message que vous enverriez à votre enfant est qu’il peut arriver à ses fins avec un peu de persévérance et que c’est lui, et non vous, qui a le contrôle.

Ignorez les provocations. Si certains comportements vous insupportent, il y a fort à parier que votre enfant le sait et qu’il en abuse quand bon lui semble. Certains veulent toujours avoir le dernier mot ou répondent par « oui, mais… ». N’entrez pas dans son jeu, ignorer est parfois la meilleure des réponses.

Donnez-vous le droit de le sanctionner. Une conséquence juste et en lien avec l’acte commis ne choquera pas votre enfant, mais au contraire, le sécurisera.

Agissez maintenant pour la prochaine fois. Lorsque l’opposition survient, votre réponse à ce comportement déterminera l’attitude que votre enfant adoptera la prochaine fois qu’une situation similaire se présentera.

Soyez attentif aux moments où votre enfant vous obéit. Soulignez ses efforts.

Lâchez prise. Il est impossible de combattre sur tous les fronts. Ne luttez pas en vain. Dans tout combat, survient un moment où l’acharnement ne sert plus à rien, surtout s’il devient une fin en soi. Sachez abandonner une bataille inutile pour une autre qui en vaut la peine.

Un enfant en opposition cherche à vous manipuler en vous poussant à bout. C’est sa façon de prendre le pouvoir. N’entrez pas dans son jeu et restez calme.

Montrez-vous empathique et chaleureux. Votre enfant a besoin de se sentir compris et entendu. Si votre relation est bonne, il acceptera plus facilement votre autorité parentale.

Consacrez du temps à votre enfant et prenez le temps de vivre ensemble des moments privilégiés. Ces instants peuvent lui manquer et ses comportements d’opposition être un moyen de vous dire « Occupe-toi de moi ! »

Source : Brochure « TDA/H, comprendre et aider son enfant »